Conduire sans permis
Publié le 28 février 2011
Tags : PRESSE, MAGAZINES, IMPULSER
CONDUIRE SANS PERMIS
LA SITUATION
Le dirigeant d'une entreprise
spécialisée dans le gardiennage et la
sécurisation de site a bien du mal à
préserver le capital-point de son permis de
conduire.
Il rencontre de multiples
difficultés avec les autorités policières
et judiciaires, alors qu'il n'est pas responsable des
infractions commises par ses collaborateurs au volant de
véhicules appartenantéla flotte de
l'entreprise.
LA RÈGLE
Les nouvelles mesures de lutte contre la
violence routière ont en effet durci les sanctions,
augmenté leur champ d'application et formidablement
accru les moyens de sévir de la gendarmerie et de la
police nationale. L'arsenal répressif mis en place s'est
forcément immiscé dans la vie des entreprises
disposant d'une flotte de véhicules de fonction et, du
coup, dans celle de son mandataire social.
Le code de la route prévoit tout un système de
présomption de responsabilité pécuniaire
éla charge de la personne physique, titulaire de la
carte grise, pour de nombreuses infractions commises au volant
de son véhicule.
Pour les sociétés ou autres personnes morales la
responsabilité pécuniaire du propriétaire
du véhicule est étendueéla personne
physique de leur représentant permanent, en l'occurrence
le mandataire social considéré comme le
propriétaire du véhicule et donc son conducteur
présumé.
La liste des infractions pour lesquelles, le titulaire de la
carte grise peut être sanctionné alors même
que l'infraction a été commise par un tiers est
longue.
Elle comprend les infractions au stationnement payant, à
la réglementation sur la vitesse, au manquement du
respect des signalisations d'arrêt et d'immobilisation du
véhicule ( feux rouges, stop...),éla
circulation sur les voies réservéeséune
autre catégories d'usagers et au défaut de
paiement des taxes de péages autoroutiers.
En l'absence d'interpellation du conducteur sur place, les
forces de l'ordre envoient l'avis de contravention à
l'adresse de la société mentionnée sur le
certificat d'immatriculation. Qui paye
pour les infractions au code de la route d'un collaborateur
?
LES SOLUTIONS
1/ Payer l'amende : la
société peut payer directement l'amende
forfaitaire. L'action publique est immédiatement
éteinte. L'entreprise peut ensuite régler ou pas
ses comptes avec son collaborateur. Mais la question du retrait
de points reste entière.
2/ Dénoncer le coupable : la société peut
fournir aux autorités policières et judiciaires
l'identité complète du fautif afin d'orienter
exclusivement vers lui les poursuites engagées. La
société utilisera alors la requête en
exonération jointeél'avis de contravention en
mentionnant l'identité du collaborateur et le
numéro de son permis de conduire. Elle ne sera pas
obligée de consigner une somme forfaitaire telle que
récemment introduite dans les voies de recours par la
loi sur la violence routière.
Il n'est cependant pas rare que la société ne
puisse identifier le conducteur, soit parce que le
véhicule n'est pas attribuééun
employé déterminé, soit parce qu'il n'y a
pas de carnet de bord ou qu'il n'est pas tenu soit parce que le
salarié en question est parti de l'entreprise etc...
Dès lors c'est le mandataire social qui sera poursuivi
et considéré comme pénalement et
pécuniairement responsable.
3/ Utiliser ses droits et la jurisprudence : le dirigeant
poursuivi par les tribunaux a quand même les moyens
d'échapper aux rigueurs de la loi pour une infraction
qu'il n'a d'ailleurs pas commise. Tout d'abord il peut invoquer
le vol du véhicule ou un évènement de
force majeure ou fournir tous éléments lui
permettant de prouver qu'il n'était pas au volant. Il
peut fournir des témoignages ouél'examen du
cliché photographique révélant les traits
physiques du conducteur, prouver qu'il ne s'agit pas de lui et
ainsi échapperétoute condamnation en utilisant
les moyens exonératoires prévus par la loi, sans
avoirédénoncer le vrai conducteur.
La Cour de Cassation a avalisé, après de
surprenantes tergiversations jurisprudentielles, cette
articulation juridique.
MORALE DE L'HISTOIRE
Il peut aussi, en cas de retrait de points de permis, saisir
les tribunaux administratifs qui annulent
systématiquement tous les retraits de points
infligés au permis de conduire d'un chef d'entreprise.
La loi exclut, en effet, que le titulaire d'un permis de
conduire condamnéépayer l'amende pour une
infraction commiseél'aide de son véhicule,
subisse aussi un retrait de point.
Cette disposition n'est pas toujours respectée. Le
dirigeant pourra toujours introduire un recours gracieux dans
les deux mois qui suivent la notification de la décision
auprès du ministre de l'Intérieur. Si sa demande
est rejetée, la saisine du tribunal administratif de son
lieu de domicile, accompagnée d'une injonction de
restitution de points, permettra d'en retrouver la
jouissance.
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