FAQ : Radars mobiles, limitations de vitesse, refus de priorité
Publié le 28 février 2011
Tags : PRESSE, JOURNAUX, LE POINT
Radars mobiles, limitations de vitesse, refus de priorité, le bitume n'est pas un long fleuve tranquille. La fonte du permis inquiète les usagers qui ne savent pluséquel saint se vouer. Lepoint.fr a interviewé Rémy JOSSEAUME, docteur en droit routier, sur les questions que les Français se posent quotidiennement.
Lepoint.fr : J'ai
reçu une contravention majorée alors que je n'ai
jamais eu le PV initial. Dois-je la payer
?
Rémy JOSSEAUME :
Il arrive en effet que l'avis de contravention apposé
sur le pare-brise soit emporté par le vent ou
ôté par un passant. Il arrive aussi que
l'automobiliste ne reçoive pas l'avis de contravention
d'un radar automatique envoyé par La Poste en lettre
simple. Dans ce cas, au moment où il reçoit
l'avis majoré, le contrevenant peut envoyer un
chèque du montant de l'amende initiale et expliquer sa
situationél'officier du ministère public, qui
est libre d'accepter ou de refuser. Dans ce dernier cas, il
devra régler le solde. Recourir au tribunal pour
s'avérer utile, mais en pratique, cela n'est pas
financièrement
intéressant.
Lepoint.fr : Je
souhaiterais faire annuler un retrait de points : est-ce
possible ?
R. J. : Cela est toutéfait
possible tant les erreurs de l'administration sont nombreuses,
notamment les erreurs dans le décompte des points
retirés. En prétextant ne pas avoir reçu
l'ensemble des informations prévues par le Code de la
route (L.223-3 du Code de la route), l'automobiliste peut
échapper au retrait de points si l'administration ne
prouve pas l'avoir informé en temps utile. Par ailleurs,
dès réception d'une notification de perte de
points erronée (retrait de 10 points d'un coup, retrait
de quatre points au lieu de deux...), l'automobiliste dispose
d'un délai de deux mois pour engager un recours gracieux
(devant le ministère de l'Intérieur) ou
contentieux (devant le juge administratif) pour contester le
retrait de points litigieux.
Lepoint.fr : J'ai
oublié mon triangle et mon gilet chez moi : qu'est-ce
que je risque si je suis arrêté ?
R.
J. : L'automobiliste risque
simplement une amende minorée de 90 euros. La double
verbalisation pour absence de triangle et de gilet est
illégale, car non prévue par les
textes.
epoint.fr :
J'ai été flashé, mais je n'ai pas encore
reçu le PV. Puis-je me prévaloir de la
prescription si je le reçois plus d'un an après
le flash ?
R. J. : Oui, mais uniquement si la procédure n'a pas
été suspendue ou interrompue par un acte tel que
l'amende majorée ou un acte de procédure
provenant de l'officier du ministère public. Une fois
condamné, si vous n'avez pas payé le PV, vous
bénéficiez d'une prescription de trois ans,
él'issue de laquelle le Trésor public ne peut
plus rien vous réclamer.
Lepoint.fr : J'ai contesté mon
PV et je n'ai pas reçu de réponse de l'officier
du ministère public. Vais-je recevoir la contravention
majorée ?
R. J. : À la lecture du Code de procédure
pénale, l'officier du ministère public doit soit
classer l'affaire soit vous inviterésaisir le
tribunal. En pratique, il donne souvent ordre au Trésor
public de recouvrer l'amende, et faute de vous en avoir
informé, vous recevez une amende majorée, ainsi
qu'une perte de points. Cette pratique est illégale et
la France a été condamnéeédeux
reprises par la Cour européenne des droits de l'homme
pour entraveél'accès au tribunal.
Lepoint.fr : De nombreux sites
proposent des détecteurs de radars et d'appareils laser.
Est-il légal d'être équipé de ce
type d'appareil ? Que risque-t-on si on est arrêté
?
R. J. : On peut, en toute légalité,
posséder un avertisseur de radars (article R 413-15 du
Code de la route) qui, grâce au GPS
intégré, annonce la position des radars fixes et
même, pour certains appareils, les zones de
contrôle par des radars mobiles. En revanche, l'usage
d'un détecteur de radars, qui repère les ondes
électromagnétiques de radars indécelables
et perturbe les contrôles de vitesse est interdit. Cette
infraction est punie d'une amende de 1.500 euros, d'une
suspension du permis de trois ans et de la confiscation du
matériel. L'automobiliste perd aussi deux points sur son
permis. Ces sanctions s'appliquent même si le
matériel est éteint et se trouve dans la
boîteégants. Les forces de l'ordre parviennent
de plus en plus facilementédeviner la présence
d'un détecteur de radars, grâce, notamment, aux
lasers dont sont équipés les nouveaux
matériels.
Lepoint.fr : Puis-je
téléphoner en voiture ouémoto avec une
oreillette ?
R. J. : La loi n'interdit pas l'usage du kit mains libres. Seul
l'usage d'un téléphone tenu en main par le
conducteur d'un véhicule en circulation est
sanctionné. Avoir dans la main son
téléphone portable, même
arrêté dans les embouteillages ouéun feu
rouge, est interdit. Cela coûte deux points.
Lepoint.fr : Je suis cycliste et j'ai
refusé la prioritééune voiture. Le
policier m'a donné une amende de 90 euros. Est-ce que je
risque un retrait de points ?
R. J. : Non, le retrait de points ne concerne pas les
infractions commisesél'aide d'un véhicule pour
la conduite duquel le permis de conduire n'est pas obligatoire
(vélo, cyclomoteur, tracteur agricole, etc.).
Lepoint.fr : Mon PV pour excès
de vitesse n'indique pas le nombre de points retirés :
puis-je me prévaloir de cette irrégularité
pour faire annuler le PV ou le retrait de points
?
R. J. : Ce n'est plus le cas depuis une décision du
Conseil d'État qui estime que la seule mention "oui"
él'endroit de la perte des points suffit à
informer régulièrement le contrevenant - avis du
31 janvier 2007.
Lepoint.fr : De nombreux radars sont
positionnés dans des zones où il est difficile de
freiner, comme en bas de côtes ou dans certains
tournants. Peut-on contester la position du radar
?
R. J. : Les notices d'utilisation des radars et leurs
certificats d'homologation imposent aux radars d'être
positionnés en calculant la vitesse sur une portion
rectiligne d'au moins 100 mètres et de former avec l'axe
de la chaussée un angle de 25 °. Cet angle doit
être nul pour les radars laser (jumelles). Les
contestations ont peu de chances d'aboutir. En revanche, la
jurisprudence relaxe le plus souvent les automobilistes
lorsqu'un obstacle apparaît dans la visée du radar
(haie d'arbustes, autre véhicule,
etc.).
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