Plaidoyer pour l'interdiction des avertisseurs de radar
Publié le 21 mai 2011
CISR DU 12 MAI 2011
QUAND LES BONNES MESURES SONT CELLES QUI N'ONT PAS ETE PRISES ...
PLAIDOYER POUR L'INTERDICTION DES AVERTISSEURS DE RADARS !
Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, mercredi 11 mai 2011 à Tremblay-en-France (93) : " Il ne s'agit pas de faire de la répression, mais de changer les comportements".
Une fois encore, les autorités ont pliées devant le dictat de l'émotionnel suscité par la hausse de la mortalité sur les routes dont les principales causes objectives sont liées, d'une part, à l'excellente météorologie, à la sortie précoces des utilisateurs de deux roues et à des accidents ayant provoqué de lourdes conséquences (8 accidents à eux seuls ont causé la mort de 30 personnes, dont l'accident particulièrement tragique survenu le 28 avril sur l'A10 entre un poids lourd et un minibus, au cours duquel 7 personnes ont trouvé la mort). Les mesures prises sont pour le moins surprenantes et n'auront vraisemblablement aucune incidence sur la sécurité routière.
Les mesures sur la vitesse
Une des mesures annoncées est de bon sens et l'on peut s'interroger sur le fait qu'elle n'ait pas été prise plus tôt : l'interdiction des avertisseurs de radars .
Comment peut-on en effet accepter que des dispositifs électroniques existent pour alerter les usagers de la présence de contrôles radars inopinés ?
C'est d'ailleurs l'objectif commercial du produit qui se nomme pour l'un d'entre eux, "l'appel de phare du 21ème siècle" en mettant en avant la notion d "éclaireurs".
L'information communautaire et en temps réel rend ces appareils plus efficaces et redoutables que les détecteurs de radars qui sont illégaux. L'interdiction prévue est donc cohérente.
Le prétexte d'information et de sécurité routière (alerte en cas d'accidents, de présence de patrouilleurs etc.) avancé désormais par ses constructeurs, qui les nomment maintenant d'appareils d'aide à la conduite, est pour le moins risible et ne trompe personne.
Inutile donc de défendre un tel dispositif en mettant en avant des fonctionnalités accessoires qui ne motivent en rien leur acquisition.
D'ailleurs, si ces appareils sont autant performants et indispensables pour l'aide à la conduite, personne n'interdit désormais à ces fabricants de produits de poursuivre leur commercialisation sans la fonctionnalité d'avertisseurs de radars.
Qui peut croire alors que les acheteurs de ses produits en deviendraient acquéreurs pour d'autres raisons que celles d'être alertés des contrôles radars ?
De qui se moque t-on ?
Peut-on accepter que ceux qui payent un produit et un service mensuel achètent principalement le droit d'échapper aux contrôles de vitesse ! Ne soyons pas hypocrite !
Posons nous d'ailleurs la question: à quand un service prévenant des contrôles fiscaux ? de l'URSSAF ? de l'inspection du travail ? des douanes ? des perquisitions policières ? etc..
Même si habilement, les fabricants de radars qui défendent leurs chiffres d'affaires avant tout, essayent de surfer sur un pseudo élan populaire, celui-ci est surtout motivé par la contestation légitime de la suppression des panneaux et non l'interdiction stricto sensu des avertisseurs de radars.
Prétextant de plus fort que ces appareils sont avant tout vendus pour faciliter l'aide à la conduite (traduction: échapper principalement (sinon exclusivement) aux contrôles radars), les fabricants demandent désormais aux automobilistes de "bloquer toutes les routes en France et plus particulièrement en région parisienne le 2 juin ... jour férié" (vous lisez bien !) ..
La défense de l'automobilité ne peut transiger avec les appels à bloquer la circulation.
Pour moi c'est NON !
A l'inverse, la suppression des panneaux radars n'a aucun sens.
Les radars automatiques ont été installés, nous a-t-on dit, dans des zones dangereuses. L'objectif était donc de prévenir les usagers qu'ils traversaient une zone périlleuse et qu'en cas de dépassement de vitesse l'infraction sera automatiquement constatée. La réduction de la vitesse était donc automatique.
Par la suppression des panneaux, les autorités préfèrent laisser l'usager rouler en infraction en zone dangereuse pour le verbaliser au détriment de l'objectif de réduire sa vitesse (l'objectif de sécuriser la zone n'est plus satisfaite).
Quant aux intempestifs coups de frein, comment imaginer qu'ils ne vont pas se multiplier par les automobilistes ayant vu à la dernière minutes la boite à image ? Ces zones radars vont devenir, il faut le dire : des zones de danger.
Changer la qualification du grand excès de vitesse (de contravention à délit) n'a strictement aucun intérêt, sinon médiatique, car cela ne représente qu'à peine 1% des infractions constatées au Code de la route.
Les mesures sur l'alcool
L'idée de la graduation des sanctions est excellente. En effet il n'est pas normal qu'une contravention et un délit soit sanctionnés d'une même perte de points.
Toutefois, je soutenais cette idée mais à la baisse (4 points pour une contravention et 6 points pour un délit). Le gouvernement a préféré porter à 8 points en cas d'infraction délictuelle.
Mais quelle erreur, en effet le message ne s'adresse pas aux principaux intéressé que ceux les jeunes. Car avec un permis probatoire à 6 points, la contravention emporte déjà l'invalidation de leur permis. Pour eux, contravention ou délit d'alcool : bonnet blanc, blanc bonnet.
Les mesures pour les 2RM
C'est sans aucun doute l'ignorance qui prédomine chez les pouvoirs publics en la matière alors même que c'est la population la plus exposée au risque routier.
Imposer un gilet pour une meilleure visibilité c'est reconnaître que les 2RM ne sont pas assez vus et distingués des autres usagers. Pourquoi avoir incité les automobilistes à l'allumage des feux de jours en niant le problème de visibilité des motards ?
Quand aux plaques plus grandes, il est certain que chacun d'entre nous va gagner en sécurité ?
Le téléphone
La bonne mesure est le maintien de la légalité du kit mains libres.
Le rehaussement de l'amende est logique au vue de la gravité de l'infraction.
Toutefois en changeant de catégorie l'infraction, le gouvernement a honteusement contourné et vidé de sa substance les amendements de la LOPSSI 2 qui permettaient de récupérer 2 points au bout de 2 ans. Désormais, l'usage du téléphone est exclu de ce dispositif, c'est la négation du pouvoir et de la souveraineté législative. Il faudra 3 ans pour récupérer 3 points.
Lien et ITV:
SUR RMC : Débat du 11 mai 2011 - 1H
INTERDIRE LE KIT MAINS-LIBRES
LA FAUSSE BONNE IDEE !
Emission du 8 mai 2011 : écouter
Une campagne nationale a été lancée par les autorités pour alerter des dangers liés à l'utilisation du téléphone portable au volant.
Sur ce point, il n'y a manifestement rien à redire, la manipulation physique, en circulation, d'un téléphone est assurément dangereuse.
Les associations de victimes et autres "experts" en sécurité routière réclament concomitamment à cette campagne l'interdiction du kit main libre prétextant d'un risque de son utilisation par son conducteur.
Elles n'hésitent pas d'ailleurs à relayer un message pour le moins maladroit consistant à affirmer que " l'utilisation d'un téléphone portable au volant a des effets sur la conduite qui sont comparables à ceux de l'alcoo l" .. ou comment banaliser sinon minorer la gravité d'une conduite sous l'empire d'un état alcoolique.
Mieux encore, l'argumentation repose désormais sur une étude à l'appui de laquelle les autorités affirment qu" en France, près d'un accident de la route sur dix associé à l'utilisation du téléphone au volant" .. alors que l'étude précise en sa page 185 que "Le fait qu'actuellement l'usage du téléphone au volant n'est pas systématiquement renseigné lors d'un accident en France ne permet pas de connaître précisément la part des accidents dans lesquels l'usage de ces technologies pourrait être impliqué. Dès lors, il est difficile d'en évaluer l'enjeu".
C'est dire le peu de crédit à accorder à cette gesticulation médiatico-scientifique.
L'association 40 Millions d'automobilistes a publiquement exprimé les positions différentes.
En outre interdire l'usage du kit mains-libres pousserait l'ensemble des usagers à recourir à l'usage du téléphone tenu en main et ainsi à multiplier les conduites à risques.
D 'autres facteurs altèrent nécessairement l'attention du conducteur: l'écoute de la radio, la discussion avec son passager avant ou arrière (à travers le rétroviseur central), l'utilisation de la Cibie et tout événement de la vie qui vont nécessairement le préoccuper psychologiquement ... doit-on aussi interdire ces pratiques ?
Contrairement à ce qui est prétendu par les "experts" de la sécurité routière l'utilisation du kit n'est pas tolérée .. elle est tout simplement légale !
Interdiction de conduire avec un téléphone à la main (Code de la route - Article R412-6-1 - Décret du 31 mars 2003) « L'usage d'un téléphone tenu en main par le conducteur d'un véhicule en circulation est interdit. Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux dispositions du présent article est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la deuxième classe. Cette contravention donne lieu de plein droit à la réduction de deux points du permis de conduire. »
L'amende forfaitaire est fixée à 35 euros. Elle peut être minorée à 22 euros en cas de paiement dans les 3 jours et majorée à 75 euros si le paiement intervient après 45 jours. Perte de 2 points.
Le conducteur doit rester maître de
son véhicule . L'utilisation de certains équipements
comme les "kits mains-libres" ou les oreillettes n'est pas
interdite, mais le conducteur est dans l'obligation de rester
maître de son véhicule en toutes circonstances.
L'article R412-6 du Code de la route précise en effet :
« II - Tout conducteur doit se tenir constamment en état
et en position d'exécuter commodément et sans
délais toutes les man'uvres qui lui incombent. »
« III - Le fait, pour tout conducteur, de contrevenir aux
dispositions du II ci-dessus, est puni de l'amende
prévue pour les contraventions de la deuxième classe
. »
Point de droit:
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