LE MONDE: RODEO MOTORISE

Les rodéos motorisés

Me Rémy JOSSEAUME intervient pour le journal LE MONDE.

« Née de père et de mère motards », lance-t-elle en guise de présentation, à la manière dont elle déclinerait son état civil. D’une voix posée et dans un langage soutenu, elle demande qu’on la surnomme « Angela » pour préserver son anonymat. Cette aimable quarantenaire, agente immobilière de profession, confie sans vantardise rouler « depuis l’adolescence, bien avant d’avoir l’âge légal pour passer le permis ». Trois décennies plus tard, elle a conservé ce goût pour la transgression.

Désormais mère de trois enfants et séparée du père de ces derniers, elle compte parmi les adeptes du rodéo sauvage. Une pratique, également appelée « cross bitume » ou « bike life », qui consiste à effectuer des figures sur des deux-roues ou des quads lancés à vive allure, le plus souvent sur des lignes droites. La forme la plus populaire est illégale, car elle a lieu sur la voie publique. Wheeling (roue arrière), drifts (dérapages), stoppies (roue avant) et les burn (faire fumer la roue arrière en brûlant la gomme sur l’asphalte) sont parmi les figures les plus prisées.

Synonyme de fortes nuisances sonores et de riverains au bout du rouleau et, surtout, de faits divers dramatiques, le rodéo motorisé véhicule une image particulièrement négative et inquiétante. Cependant, certains pratiquants, insérés socialement et issus des classes sociales aisées, revendiquent une approche plus raisonnable et plus respectueuse, en s’exerçant sur des terrains privés, voire sur des circuits autorisés.

« J’ai découvert la bike life il y a quelques années avec mon frère et sa bande de copains, confie Angela. On faisait des runs [des courses] et on levait la roue sur des parkings d’entrepôts qui n’étaient pas surveillés, à l’époque. » Cette mordue de sports mécaniques s’adonne à des sessions de cross bitume avec des amis, de nuit, le week-end, lorsque le temps est clément. 

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